27 janvier 2017
LES METIERS D’ART, SAVOIR-FAIRE … ET FAIRE SAVOIR…
ETIENNE RAYSSAC fait fleurir le bois
Par Émilie Fischer
Passionné par sa densité, ses détails fins et nerveux, il a trouvé dans le bois, le support de sa créativité. Etienne Rayssac fait jaillir en volumes, la sensualité de la matière. Armé de ses outils du passé, il s’invite dans des lieux d’exception et perpétue les gestes séculaires d’un métier qui ne se dévoile qu’avec pudeur, après une dizaine d’années d’apprentissage. Qu’il panse les blessures du temps des monuments historiques, imagine de somptueux décors pour des boutiques de luxe ou crée ses pièces uniques, Etienne Rayssac s’épanouit depuis plus de trente ans, au coeur de son atelier rue du Faubourg Saint Antoine.
Amoureux de la sculpture, il étudie aux Beaux-Arts de Bordeaux, suit des cours de modelage à l’école Boulle et de dessin d’après modèle à La Grande Chaumière Paris. Il intègre l’Atelier Fancelli Père : s’ensuivent des années d’apprentissage. « J’ai été formé dans un atelier qui travaille pour des monuments historiques, des décors d’époques. Il faut avoir vu beaucoup de choses dans des châteaux, palais, hôtels, particuliers, les avoir observés dans des lieux finis et en atelier. Pour maîtriser les codes d’un métier qui en cache plusieurs, je dis toujours qu’il faut avoir vu, vu faire, et fait ».
Il est un métier qui ne dévoile ses secrets qu’au bout de dix ans. « À ce moment, on commence tout juste à comprendre. Après quinze ans, on devient autonome. » La maîtrise du dessin, de la sculpture, du modelage en cire, le tout basé sur la connaissance des styles, des bois et des époques est primordiale. S’offre alors un panel de possibilités pour l’artisan d’art, jouant sur la tradition et la modernité, voyageant d’une époque à une autre.
Etienne Rayssac marque de son empreinte invisible les monuments historiques. Au fil de sa carrière, il restaure les boiseries de la Chambre de la Reine au Château de Versailles, celles du Musée Rodin, sculpte des portes cochères de la Place Vendôme, entre autres projets gorgés d’histoire. Il s’invite au plus près d’eux, et se fait une place dans leur intimité
« J’éprouve un grand respect vis-à-vis des lieux extraordinaires. Je suis honoré, même si on n’est jamais seul. C’est un travail d’équipe. A l’époque déjà, il y avait une forte exigence, la main et la tête s’imprègnent de ce savoir-faire, on se plonge dans un autre monde. »
Grâce à son talent l’artisan entrevoit des possibilités nouvelles et réalise des pièces contemporaines pour des architectes, décorateurs, particuliers… Le monde de la mode entend parler d’Etienne Rayssac. Il réalise les bas-reliefs et décors muraux pour les boutiques des plus grandes Maisons de luxe. En 2014, il imagine « L’envolée » pour Guerlain. Une pièce unique et contemporaine pour fêter le 160 ème anniversaire du célèbre Flacon aux Abeilles.
« Quelque soit la finalité, la profession de sculpteur ornemaniste est basée sur la connaissance des styles, du dessin, de la composition. Etre sculpteur ornemaniste ce n’est pas exercer un métier, mais plusieurs. »
Maître d’Art depuis 2008, Etienne Rayssac assouvit aujourd’hui son désir de création et réalise des tables basses, luminaires, le fameux « Miroir Lune » et sa collection de sculptures animalières dans divers matériaux.
Etienne Rayssac se plaît à voyager de monde en monde, à l’aise sur le papier comme en trois dimensions.
Emilie FISHER – Entre LUXE ET PRESTIGE Magazine, rédacteur en chef Yvan BESERMENJI